Un amour de la mer / Amor do Mar
Publié le 14 Septembre 2014
La préface du futur recueil de poésie de Christian Leray, un ami.
Peu d'inspiration en ce moment alors écrire pour les amis est un bon exercice qui me permet de structurer mes idées et de ne pas rester seule face à la page blanche.
Voici la préface de " Un amour de la mer / Amor do Mar "
« Ton poème a le souffle du haïku*! » dit un jour un poète japonais à Christian Leray lors d’une conférence qu’il donnait au Japon sur les récits de vie.
Il y parlait de sa terre natale, en Brocéliande.
Brocéliande, c’est un silence
Que le soleil du matin
Illumine de milliers d’étoiles.
La revue poétique À l’index – espace d’écrits (2013, p. 19) a choisi récemment un poème de l’auteur, ce poème se rapproche des critères du haïku, il comporte des lettres supplémentaires et devient de ce fait un ji- amari. Le voici :
Bouquet de jonquilles
Rayon de soleil dans tes yeux
Prémices du printemps.
Loin des jonquilles et de Brocéliande, c’est une autre aventure professionnelle et humaine qui a entretenu ce souffle dans la pensée poétique de Christian. Il a suffi d’un voyage, il a suffi de la baie de Rio vue du ciel et le cœur-circaète a plongé en piqué.
L’infini dans l’azur d’un regard s’est laissé surprendre et depuis le bleu inonde la vie, ricoche de pensée en haïku, devient flux et semble participer à une perpétuelle naissance poétique.
Le poème simplifie le destin, il résout une équation où le bleu, cette inconnue, devient vérité. Chaque haïku est à l’instant où il s’écrit une perle de beauté offerte au chapelet du temps qui égrène ses mots dans la mémoire-komboloï**, oublieuse des grains d’ombre.
Ces poèmes-haïkus / poemas-haicais ont d’abord été pensés et écrits en portugais du Brésil, puis traduits par l’auteur lui-même en Français. Ces deux langues s’interpellent et nous renvoient une image en écho :
un Amour de la mer – BrésilBretagne / Amor do Mar – BrasilBreizh.
Cet écho tel une onde de lumière aux reflets moirés vibre à la surface de l’océan et rassemble deux accords tourterelles sur la pupille d’une île au-dessus de laquelle s’impliquent des nébuleuses.
On ne se détache de cette île qu’au son des barques pleines animées d’un mouvement de haïku, trois vers où l’exil chante sa présence au rythme de la symbolique des saisons et libère une promesse : « Je reviens et c’est maintenant. Je reviens et c’est encore maintenant. »
Carmen Pennarun
*Le haïku est un court poème d’origine japonaise qui comporte trois « mouvements », chacun ayant un nombre de syllabes bien déterminé : cinq pour le premier, sept pour le deuxième et cinq pour le dernier (5-7-5). Kyoshi TAKAHAMA, une figure majeure dans le développement du haïku littéraire au Japon a défini le haïku comme « une expression spontanée de la vie à travers les quatre saisons ».
**Komboloï : (orig. grecque) Sorte de chapelet orthodoxe avec des perles.