Pomone et sa muse
Publié le 2 Novembre 2014
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Les mots tus savaient les cris...
qu’elle mettait dans ses plans.
Ses plans, ses pensées, liés en gerbe,
comme bouquet garni qu’elle piquait en terre.
Attachée à l’enchaînement des saisons
elle n’avait plus à s’inquiéter, à se révolter ;
la terre serait bêchée
après les derniers gels.
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Elle était Pomone.
Je ne suis que musique.
Je comble de mes notes les sillons creusés
par tous les courages sur les joues des femmes.
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Elle accueillerait semence
la terre…. enrichie, entretenue, couvée
Il fallait bien sûr veiller contre toutes ces pensées
qui seraient sous peu bonnes à cueillir,
équeuter, peler, dénoyauter, éplucher
réduites en marmelade,
en confiture, en coulis.
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Elle était Pomone.
Je ne suis que musique.
Je comble de mes notes les sillons creusés
par tous les courages sur les joues des femmes.
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Tant de réserves pour assurer la survie
des bonnes choses durant le long hiver.
Surtout ne rien perdre, rester
pliée sur la terre, rester
penchée sur ses bassines. Pleurer
sur ces pensées mises en pots, pasteurisées,
ou congelées, mises en sacs. Digérer
le chagrin jusqu’à l’amertume de la dernière pulpe,
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Digérer le chagrin jusqu’à ce que l’esprit rende son tablier
et que l’oubli justifie la pause.
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Elle était Pomone.
Je ne suis que musique.
Je comble de mes notes les sillons creusés
par tous les courages sur les joues des femmes.
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La nature, je l’aime non maîtrisée,
je la butine comme le fait l’abeille,
je la survole, je la hume, je m’en imprègne…
ramassant le brin de thym ou la sauge cendrée,
savourant quelques fruits sur la branche, cueillis.
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Je n’ai pas la main verte, j’ai le cœur à l’orage,
il accompagne les saisons d’une façon conforme à sa nature.
Il aime dire les maux et sortir les vers des fruits mûris dans le secret.
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Elle était Pomone.
Je ne suis que musique.
Je comble de mes notes les sillons creusés
par tous les courages sur les joues des femmes.
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Carmen P.
(tableau de Pissarro)