À Tina, belle chatte grise
Publié le 17 Mai 2019
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Depuis dix-sept ans son regard retenait tout, de nos faits et gestes.
Nos souvenirs se sont étoilés un jour de mai quand son souffle s'est éteint.
Les grillons chantent fort, et les chats sont si calmes
- signe que Tina était d'une présence bouleversante.
Après les larmes, grosse était la fatigue et le sommeil
bienvenu m'a encore une fois fait retrouver ma mère,
vaillante et lucide. Qui détient la vérité : est-ce le jour,
est-ce la nuit, ou les deux se liguent-ils pour restituer
l'image de l'intégrité que notre peu de foi coupe
et divise?
Le féminin en nous considère la situation entière
il ne retranche rien à la réalité et comble les vides
d'amour. À quoi servent les larmes qui ne tracent
aucun chemin de mots quand la pensée-buvard
refuse de garder les souvenirs ? Les malédictions
liées à notre condition de vivants - une des formes
du souffle sur Terre - l'auteur pense les cerner mais
quand l'épreuve arrive, le mental se rebiffe et
chiffonne les poèmes, ces superflus à l'encre
dé(li)bile.
Il y a des boules de papier
plein ma corbeille à échecs
et des larmes qui couleront
à chaque évasion de tristesse
Et l'oeil du chat est le réceptacle
de nombre de ces chagrins qu'il
sait saisir et disperser alors
que superbe il garde son
mystère (auprès de nous ou sous terre)
.
Carmen P.
Tableau : Le jugement de Salomon. Raphaël.