photographie : Francesca Woodman

"Comment devenir le décor" pensait Francesca, cette photographe si singulière, qui n'a jamais vu grandir son oeuvre.

"Faut que je fasse couler les choses, écrivait-elle, plein d'air dans la tête aujourd'hui..."

Demain, le soleil peut briller, alors aujourd'hui sors fouler les tas de feuilles et jouer dans la neige."

Elle aimait distribuer ses paroles magiques et ses pirouettes langagières.
Quant à moi, il m'échoue d'enfanter des fantaisies poétiques en habit de saison. Le manteau est de brume depuis ce matin. Ce soir, il se fait chat et se faufile dans la maison par tout passage réinventé, même s'il n'y a pas de chatière.
"J'ai besoin d'être une petit personne qui va où elle veut et passe ses journées à attendre Colette ou à somnoler la bouche ouverte." (F.Woodman)

Colette ne viendra plus, seul l'âge qui choisit son temps et la compagnie des chats peuvent faire naître un style qui laisse se déployer la nature et se révéler la sensualité sous couvert de simplicité et de justesse des mots.  

Le questionnement n'est plus aux "pourquoi", improductifs, mais aux "comment". Toutes les réponses sont valables et n'accordent aucun point. 

Dans l'intimité l'âme se tapisse; de pois, de fleurs, de rayures, c'est derrière les buissons de nos rêves que nuagent les corps des poèmes, que les fruits de notre imagination viennent nous prendre par la main. 
Fond et figures finiront toujours pas se confondre, je l'ai compris en admirant des toiles de Courbet, les paysages qu'il peignait, ses natures mortes de poissons ; c'était lui, représenté !

Carmen P.